Nous sommes allés à la rencontre de la vingtaine de Brasseurs Bretons qui exposaient au Saint Malo Craft Beer Expo 2018 afin de nous parler de leurs expériences et de leurs passions, et de découvrir quelques tendances et réflexions du moment.
Si la Bretagne n'a pas une longue histoire brassicole, la bière artisanale s'est pourtant imposée dans cette région, grâce à une émulation entre entreprenariat et culture festive, dont les plus anciennes brasseries locales ont été motrices, et qui se reflètent, chez les brasseurs bretons que nous avons rencontrés, par l'enthousiasme, l'innovation et l'identité. Avec une petite centaine de brasseries en 2018, une filière bretonne complètement intégrée dans l'économie locale se constitue progressivement, relevant de nouveaux défis tant dans la production agricole et brassicole qu'au niveau de la distribution et de la consommation.
Précurseurs
Lorsque l'on parle brasserie en Bretagne, il est inévitable de faire référence aux précurseurs dont Coreff fut le chef de file. En effet, ces brasseries ont permis de redonner aux bretons le goût de la bière et de se l'approprier.
« On est la doyenne des brasseries ! L'histoire a commencé lorsque nos fondateurs, Christian Blanchard et Jean François Malgorn, banquiers mais aussi marathoniens, sont partis aux Pays de Galle lors d'une compétition au début des années 80, et ont gouté à l'issu de la course leur première Ale dans un pub et se sont pris de passion pour la bière» nous raconte Béa de la Brasserie Coreff, qui signifie cervoise en vieux breton. « Commencée comme une microbrasserie en 1985, Coreff produit 30000 hectolitres par an et compte presque 50 employés … nous travaillons avec plus de 500 bars sur les 5 départements bretons, dont nous assurons la distribution, l'installation et la sanitation, seuls, pour le moment, notre production c'est d'ailleurs plus de 60% de fûts […] notre ambrée historique est toujours tirée à l'air ».
Les années 90 voient naître les 2 autres grands acteurs de la bière bretonne, la brasserie Lancelot en 1990 qui produit aujourd'hui 40000 hl / an, et la brasserie Britt en 1998, ainsi que la brasserie Sainte-Colombe en 1996 montée par Gonny Everts-Keizer et Henri Everts. « J'ai conçu ma propre salle de brassage et depuis 2010, nos brassins sont chauffés à 80% aux granulés de bois» nous explique Mr Everts. Ayant à l'origine un projet agro-brassicole, il se consacre à présent entièrement à la brasserie et à la distillerie même s'il reste très porté sur les céréales dans ses bières : seigle, blé noir, avoine...
En 1999, c'est au tour de la Brasserie des Abers d'ouvrir ses portes à la pointe du Finistère, que l'on nomme Penn-ar-Bed en breton. « Au bout du monde ou plutôt à son début, car Penn-ar-Bed signifie le début du monde en breton » nous raconte Eric Godet, l'un de ses dirigeants. En 1999 déjà, le projet était réfléchi. En effet, l'entreprise dont dépend la brasserie a été créée en 1936 en tant que distributeur de boisson, ancrée au fin fond du Finistère, la société était autant désireuse de faire découvrir des parfums et des saveurs, que d'enraciner de l'activité au niveau local. Eric Godet est fier d'avoir pu créer 6 emplois à temps plein et d'investir dans une zone où il y a peu d'activité. « Ce qui définit la brasserie, c'est L'esprit finistérien, d'abord une vraie personnalité dans les saveurs de nos bières que dans le dynamisme de notre équipe. Une personnalité très finistérienne mais ouverte, à l'image de Port sale, sur la mer et donc sur les voyages et sur les autres. Au travers de la bière, si on peut faire partager cet état d'esprit, je pense que l'on aura réussi un beau projet professionnel et artisanal. Les brasseurs sont des passionnés qui savent faire partager les richesses de nos territoires. »
« Quand Coreff a commencé, il a fallu rééduquer les bretons à la bière artisanale et aux produits locaux. Nous avons eu la chance d'être aidés par les festivals et les associations bretonnes qui se sont beaucoup développés dans les années 90 dont nous sommes toujours très proches. Lors des festivals, il y a toujours 2-3 personnes de la brasserie, on mouille pas mal la chemise chez Coreff !» explique Béa de la Brasserie Coreff. « Nous ne nous asseyons pas sur nos lauriers : nous avons montés un labo en janvier et tous les jeudis nous faisons de nouvelles recettes et des dégustations, 3 nouvelles bières sont sorties du lot cette année». Aux dernières nouvelles, la Brasserie Coreff devrait créer une « nouvelle brasserie avec une nouvelle bière sous un nouveau nom » à Vigneux-de-Bretagne en septembre 2018.
Conversion XYZ
Les années 2010 voient ainsi arriver en Bretagne, comme partout en France, une nouvelle génération de brasseurs aux profils très hétéroclites, au parcours très divers, de jeunes ayant poursuivis leurs études dans l'objectif de brasser, à des passionnés qui décident de tenter l'aventure après parfois toute une carrière dans un autre domaine.
Marie Payet de la Brasserie du Menez Bre – Brasserie de l'Hirondelle, par exemple, s'intéresse depuis 15 ans à la bière. Brasseuse depuis 4 ans, elle a étudié spécifiquement dans ce domaine, puis est partie en Angleterre pour étudier toutes les levures, la caractérisation et la sélection des sources. Passionnée par la dégustation, elle a poursuivi par un master à l'ENSAIA à Nancy et un stage de formation en expert dégustation chez Heineken. « L'intérêt est que l'être humain a un seuil détection très élevé, plus rapide et moins coûteux que des analyses en laboratoire. Dans la brasserie c'est très important pour savoir si l'on peut faire partir une cuve ». Ingénieure qualité et cheffe de projet développement produit dans l'industrie agroalimentaire, avant de redevenir ouvrière brasseuse dans la région nantaise. Par la suite, Marie est tentée par l'aventure du Menez Bre en 2016, tant pour dimensionner, trouver l'identité et mettre en route la brasserie, que pour développer les recettes de sa gamme de bière.
Cyril Maxence s'est également orienté jeune. Brasseur depuis fin 2013 à la brasserie du tonnelier, un nom « retour à la source » en somme : brasseur amateur depuis presque 20 ans ce qui l'avait conduit au métier de la tonnellerie pour finalement devenir brasseur. Tout comme Benoit de la Brasserie du Baril « j'étais dans un lycée professionnel et je faisais mes stages en brasserie, j'ai toujours su que je serai lié à cette activité ».
Dave (« comme le chanteur ! » ;) ) de la Brasserie La Belle Joie était quant à lui Pilote dans l'aéronavale, et brasseur amateur depuis 2005. Cherchant à se reconvertir dans un autre domaine, il saute le pas grâce aux encouragements de son frère. « J'avais besoin de changer de vie, dans un métier tout aussi passionnant, de me remettre en question, j'aime bien les défis et les mener à bien, j'ai besoin d'action, je n'aime pas la routine, tenter de nouvelles choses […] j'ai commencé dans un garage de 15m2, dont 8 était consacré à la brasserie avec des brassins de 80 litres. Aujourd'hui j'occupe un espace de 250m2 et je produits en ce moment 1200 litres par semaine ».
Jean-Yves Jacob de la Bière Rosko, ouverte depuis 2005, voulait développer les débouchés autour de ses activités agricoles et est parti se former en Angleterre afin de créer une Ferme-Brasserie. « A la base je suis horticulteur, nous avons donc nos vergers, nous sommes devenus une ferme brasserie-cidrerie biologique, ce qui nous permet d'être autonome à 85%. […] je suis fier d'avoir pu me reconvertir après 30 ans dans un métier, et de devenir Paysan-Brasseurs-Cidriers !».
La décision d'ouvrir une brasserie est aussi parfois une question d'amitié, comme Cédric et David de la Brasserie d'Emeraude qui étaient collègues. « Nous avons décidé de nous reconvertir ensemble, David travaillait déjà avec moi dans la maçonnerie » ou comme Matthieu de la Brasserie Uncle, cuisinier de profession « j'ai appris à brasser en Nouvelle Zélande, mon associé s'est formé au Québec, on a de grosses influences des Etats Unis, mais on est une bande de potes qui voyageons beaucoup, on ramène des influences du monde entier, une de nos amies travaille au Palais des Thés, ce qui nous a amené à faire des bières au thés ».
Economie Locale / Opportunité Locale
Que ce soit en ville, en pleine campagne ou au fin fond du monde, l'implantation d'une brasserie dans une commune permet généralement un regain d'activités, de par les échanges entre producteurs et acteurs locaux, les emplois créés, ou bien par les animations, même si elle est encore aujourd'hui un défi pour ceux qui décident de s'installer.
« On voulait s'installer dans cette commune (Lacassis dans le Morbihan), cela a mis du temps car il y avait plusieurs interlocuteurs à la mairie, mais on est parvenu à un accord : la mise à disposition d'un local en échange de sa réhabilitation, qui nous a pris 1 an et demie, et l'apport de nouvelles activités dans la commune. Nous venons de commencer la production il y a 8 mois avec des cuves de 500 et 1000 litres et avons l'optique d'ouvrir un bar « la brasserie de lulu » - comme notre chien, qui est aussi la mascotte de notre logo - la gamme de bière de la brasserie s'appelle d'ailleurs la Staf » explique Gilles et Sophie de la Brasserie Roy.
Les brasseurs ouvrent d'ailleurs leurs portes très régulièrement au public, « on invite les gens à venir à la brasserie, cela permet aux consommateurs d'avoir une autre approche sur le produit et le métier » nous explique Franck Georgelin de La Guernouillette.
Clément de la Brasserie RZN a choisi de s'implanter au cœur de Rennes fin 2015 avec le désir de réintroduire la culture brassicole dans la ville tout en participant à la vie de quartier, il anime des ateliers de brassage à cet effet. C'est également le cas de la Brasserie Skummen, écume en Breton, « on jouit d'une aura assez sympathique, les gens nous aiment bien, on relocalise la bière, en revendiquant le côté rennais, tout en étant sur des bières plus modernes qui surprennent les gens. On a fait un crowdfunding qui a très bien fonctionné, on avait demandé 15000 euros et on est arrivé à 21000, on en est très fier» nous confie Thomas Clerot son fondateur. Le même constat pour Benoit de la Brasserie du Baril dans le centre de Brest « on est dans le centre-ville ce qui permet aux gens de venir acheter leurs bières directement à la brasserie, ça crée de la vie ! »
Ce dynamisme local passe aussi par la distribution et de plus en plus de professionnels de la restauration et de l'alimentation s'intéressent aux productions des brasseurs. Le développement des circuits courts va également dans le sens de la perception voir de la reconnaissance de la bière comme étant un produit frais.
« On travaille aujourd'hui avec des écaillers qui s'intéressent à la bière, avec des professionnels qui viennent nous voir pour associer la bière à leurs plats, et également avec un affineur de fromages très connu qui travaille avec des chefs étoilés et qui associe la bière au fromage … on sort progressivement du côté réducteur que pouvait avoir la bière» nous confie Erwan de la Brasserie de Cornouailles – Storlok « grand boucan/bazar » en breton (mais aussi le nom d'un groupe de rock bretons des années 70). C'est aussi le constat de Jean-Yves Jacob de la Bière Rosko « il y a plus de brasseurs aujourd'hui donc plus de concurrences mais paradoxalement cela ouvre de nouveaux marchés, les restaurants sont beaucoup plus réceptifs par exemple, on intéresse des gens qui ne l'étaient pas il y a quelques années. »
« La fierté s'est d'avoir des clients qui sont contents, même de très bon retours, sur la qualité des bières que l'on propose, dans notre secteur,… sur Lacassis il y a pas mal de gens du nord, des Belges, des anglais qui ont des retours très positifs. À présent les restaurateurs nous demande, c'est une reconnaissance » confie Gilles de la Brasserie Roy.
« On a tout intérêt à développer les circuits courts, et l'économie locale, si on pouvait amener la bière plus directement de la cuve aux consommateurs, on aurait certainement des meilleures qualités en évitant les périodes de stockages et en contrôlant la chaine du froid. Aux Etats-Unis, on considère la bière comme un produit frais. » Erwan – Brasserie de Cornouailles – Storlok
Bien que l'on cherche à oeuvrer pour le local, la renommée vous rattrape et les microbrasseries bretonnes commencent aussi à être reconnue et à s'exporter comme nous le raconte Mathieu de la Brasserie Uncle. « On vend sur toute la Bretagne mais on vend aussi à Paris, Toulouse et Tokyo ! »
Une Filière qui s'organise
Les Brasseurs Bretons forts de leurs essors et de la production agricole de la Bretagne, souhaiteraient justement améliorer les capacités de productions locales pour pouvoir produire une bière 100% bretonne, en effet il n'existait pas, par exemple, jusqu'à tout récemment, ni de houblonnières ni de malteries en Bretagne alors qu'elle est l'un des grands foyers de production d'orges et de céréales.
« Nous souhaiterions à terme pouvoir produire une bière 100% bretonne, de l'orge jusqu'à la verrerie. Au niveau des malts, il y a une niche pour les agriculteurs bretons. Je pense que si les brasseurs bretons de différentes tailles se mettaient autour d'une table, nous pourrions intéresser des agriculteurs, trouver des investisseurs pour créer une filière bretonne, nous aimerions par exemple trouver des financements pour créer une malterie en Bretagne. C'est peut être une utopie, mais il faut avoir des rêves pour peut-être réussir demain à créer une vraie filière tous ensemble. Il faut apprendre à travailler différemment, nous sommes dans une génération jeune, où nous devons apprendre à mutualiser des investissements, à travailler ensemble, et à partager nos réflexions afin de créer quelque chose d'exemplaire » explique Eric Godet de la Brasserie des Abers.
Des initiatives de regroupement pour les achats notamment ont vues le jour depuis quelques années : « Au travers d'une association, nous effectuons des achats communs avec les brasseurs qui le désirent, mais le projet va encore plus loin puisqu'avec les brasseries Lancelot et Britt, nous montons une malterie d'orges bretons à Sierre qui verra le jour en 2019 » précise Béa de la Brasserie Coreff.
Les microbrasseurs bretons sont en tout cas à la fois enthousiastes et pragmatiques à l'idée de bières « made in Bretagne » :
« On va essayer d'avoir des malts locaux, de valoriser la production locale, c'est une prise de risques car les matières premières que l'on trouve ici n'ont rien à voir avec ce qu'il se fait comme les malts plus traditionnels allemands, anglais… Mais c'est ça notre travail, notre métier !» commente Benoit de la Brasserie du Baril tout comme Dave Brasseur La Belle Joie « J'aimerais utiliser prochainement des ingrédients locaux, malts et houblons, pas pour toute la gamme, mais au moins pour en faire une bière, je ferai avec ce que l'on nous proposera, je m'adapterai à ce qui sera disponible pour en faire une recette ».
« On est très houblon américain et anglais, très parfumé, mais pour les malts on essaye d'être plus local, on a fait notre premier brassin avec du malt breton la semaine dernière et on espère pouvoir faire toutes nos productions avec dans le futur » selon Thomas Clerot de Skummen.
La demande est donc bien présente et c'est aux offres maintenant à voir le jour « il faut des porteurs de projets » résume Henri Everts de la brasserie Ste Colombe.
Productions & Ingrédients
La plupart des brasseurs bretons portent donc beaucoup d'intérêts aux variétés de céréales et aux produits locaux tels les algues et le safran. « On utilise toujours plusieurs céréales, en moyenne 2 à 3 mais pouvant aller jusqu'à 6, et 2 à 5 houblons, j'aime beaucoup les assemblages » explique Jean-Yves Jacob de la Bière Rosko.
« On fait dans l'originalité, on utilise beaucoup les épices et les céréales, l'avoine notamment, il y a deux variétés l'avoine gris et celui doré, très sucré grâce à ses maltoses, dextroses, qui donne d'excellent alcools. Le froment mais aussi le sorgho, le riz, peu de brasseurs en Bretagne l'utilisent » nous explique Franck Georgelinde La Guernouillette, « brasseur psychopathe » comme il se définit, passionné d'assemblages qui a obtenu 2 médailles les derniers mois pour ses bières aux algues. « On utilise presque uniquement des ingrédients locaux : safran, algues,.. ».
L'emploi des algues dans ses gammes est venu assez naturellement à la Brasserie des Abers, née d'une réflexion sur la mise en valeur des produits de la pointe de Penn-ar-Bed et sur la diversification de sa gamme : « Les algues sont liées à l'histoire de notre territoire, il existait une culture de l'algue autrefois, et l'on comptait aussi de nombreux goémoniers (NDLR : pécheurs spécialisés dans la récolte des algues). Les algues faisaient partie du quotidien des finistériens, dans le paysage et par son utilisation, on se chauffait avec les algues par exemple. Nous sommes donc heureux d'avoir pu concilier cet ingrédient local dans une bière qui est une belle réussite sur le plan gustatif ».
L'emploi des houblons et d'ingrédients spéciaux n'est pas non plus en reste, à l'image de la tendance mondiale. « Les dernières années, nous nous sommes aussi concentrés sur le houblon, car les consommateurs sont en attente, et avons ainsi étoffé notre gamme. Mais nous aimons aussi beaucoup utiliser des herbes et épices » poursuit Eric Godet de la Brasserie des Abers.
« On met plus de houblons qu'il y a 10 ans, il faut nourrir le palais comme on dit » Henri Everts de la brasserie Ste Colombe.
« Je suis à la fois sur les houblons et les malts, pour tous les goûts, j'essaye de faire découvrir des houblons peu connus par la technique du dry hopping. Dans nos séries spéciales, j'ai brassé récemment une bière au yuzu et poivre de Sichuan, je connais un botaniste amateur qui m'a fourni en yuzu ! » pour Dave de La Belle Joie.
« On essaye de produire des bières inattendues, en essayant de se faire plaisir tout en espérant faire plaisir aux autres derrières. On utilise du poivre du sichuan, du miel mais parfois la création peut partir d'un nom comme par exemple LaVand'Ale , une ale à la lavande » raconte Cyril de la Brasserie du Tonnelier.
« On se penche beaucoup sur les levures. On travaille avec plusieurs souches, c'est très intéressant, mais aussi on commence à travailler avec des céréales crues qui donnent d'autres textures, la bière ne passe pas que par les houblons » Benoit – Brasserie du Baril.
De plus en plus de brasseries décident également de se lancer directement en Bio comme La Dilettante ou la très récente Bizhhh. « Toute notre gamme est labélisée bio, c'était une condition personnelle » explique Jean-Baptiste Moreau de La Dilettante.
Accessibilité
En fonction des ingrédients utilisés mais aussi de la taille de sa production, le brassage a un coût et la consommation de bière artisanale peut souffrir de par les prix de ventes qui sont parfois élevés en Bretagne comme en France. Plusieurs brasseurs nous ont ainsi donné spontanément leurs opinions sur ce débat qui est complexe tant les bières peuvent être diverses, leurs positionnements et leurs conditions de vente aussi (à la brasserie, en point de vente, ...).
Si pour certains le prix est par nature trop élevé comme pour Henri Evert de la brasserie Sainte-Colombe : « On rend la bière accessible à tous. On voit des bières très chères, des bouteilles de 75cl à plus de 7 euros ; nous venons de passer en bio et nos prix ont très légèrement augmentés de 10 à 20 centimes, nos bouteilles sont vendus 4 euros pour les brassins normaux et 5 euros pour les brassins uniques, ça suffit largement. Je vais me battre pour qu'on ne passe pas pour des voleurs, les gens pensent souvent que si ça coûte pas cher, ce n'est pas bon ». Comme pour Cédric de la Brasserie d'Emeraude « On se prend pas trop la tête sur les prix, on n'est pas très cher, il faut que tout le monde y trouve son compte, la bière n'est pas un produit de luxe […] c'est dommage que des gens qui n'auraient pas beaucoup d'argent ne puissent se payer une bonne bière, il faut essayer de rendre la bière artisanale accessible » .
Pour d'autres, le public ne perçoit pas encore le savoir-faire et le talent mis en œuvre dans une bière, comme Franck Georgelin de la Brasserie La Guernouillette «Trop de gens sont habitués à des bières commerciales, tant dans les goûts que dans le prix,…, quand on nous dit « 3 euros, la bière, vous vous embêter pas les gars ! », ben si justement on s'embête quand on travaille, on essaye de créer quelques choses qui va étonner les gens, les interpeller ! ... On a d'ailleurs créé un centre de rééducation bierologique pour expliquer les styles de bières car les gens commencent à le demander!».
« La bière peut rester accessible, il faut trouver un prix qui rémunère correctement le producteur et soit dans une fourchette acceptable pour les consommateurs » synthétise Erwan de la Brasserie de Cornouailles.
Les mots de la fin
Les brasseurs bretons que nous avons rencontrés sont à l'image de cette génération hétéroclite (d)étonnante que l'on trouve en France, et l'activité de Brasseurs fait complètement écho aux orientations de notre époque : un entrepreneuriat épanouissant, responsable et à échelle humaine, inscrit dans une économie locale et circulaire.
Que ce soit tout simplement dans la parité, comme confie Marie Payet de la Brasserie du Menez Bre : « J'ai la sensation que dans le domaine de la bière en France, les femmes sont bien représentées, comme beaucoup d'autres secteurs aujourd'hui […] Il n'y a pas de problème à être une femme brasseuse, sur les tâches très physiques, il faut juste trouver quelques astuces ! ».
Dans l'exploration d'alternative comme la bière sans alcool dont Florence Gouriou de La Guernouillette vante les mérites : « on est fier de notre bière sans alcool, il y a une forte demande, et elle peut ne pas passer pour une bière sans alcool ».
Dans la rigueur créative, « il faut être créatif, cela n'empêche pas la rigueur en ayant des bonnes pratiques dans son travail. On continue à se former, on fait appel à des consultants afin de s'améliorer » indique Erwan de la Brasserie de Cornouailles.
Dans le respect de l'Authenticité et des attentes du consommateur, « on cherche à faire des bières authentiques mais qui sont faciles à boire, qui en appelle une autre, ou l'on est pas écœuré » nous dit Jean-Yves Jacob de Bière Rosko. Tout en gardant un certain pragmatisme « on a commencé avec 2 bières, mais on s'adapte aussi à la demande, on fait une bière blanche par exemple car elle nous est beaucoup demandée » indique Cédric de la Brasserie d'Emeraude.
Enfin les brasseurs bretons commencent à s'organiser, tant en essayant d'être un maillon de l'économie locale que dans l'établissement d'une filière régionale : « Je pense que notre filière va davantage se structurer et se développer si nous offrons un produit de haute qualité. C'est comme ça que la brasserie artisanale peut se différencier de la grosse industrie. C'est pourquoi il faut s'entourer de fournisseurs de qualité qui sont aussi passionnés de leurs métiers et le font partager» explique Eric Godet de la Brasserie des Abers. Sans oublier une bonne dose d'humour et le sens de la Fête ! « On n'a pas de Montagnes mais on a une bonne descente » de conclure Matthieu par le slogan de la Brasserie Uncle.
Liens :
Brasserie des Abers http://brasseriedesabers.evernet.fr/
Brasserie du Tonnelier http://brasserie-du-tonnelier.fr/
Brasserie Lancelot http://brasserie-lancelot.bzh/
Brasserie Sainte Colombe http://brasserie-sainte-colombe.com/
La Guernouillette http://la-guernouillette.com/
Brasserie Follette http://microbrasseriefollette.fr/
Brasserie Coreff http://www.brasserie-coreff.com/
Brasserie du Baril http://www.brasseriedubaril.com/
Brasserie-Cidrerie Kerav'Ale / Rosko http://www.brasseriekeravale.fr/
Brasserie La Dilettante http://www.brasserieladilettante.com/
Brasserie Uncle http://www.brasserie-uncle.com/
Micro brasserie La belle joie http://www.labellejoie.fr/
Brasserie d'Emeraude https://brasserie-emeraude.business.site/
Microbrasserie RZN https://www.brasserie-rzn.com/
Brasserie de la Bizhhh https://www.facebook.com/Brasserie-de-la-Bizhhh-1249305661879715/
Brasserie L'Hirondelle https://www.facebook.com/Brasserie-LHirondelle-242993219574681/
Brasserie ROY https://www.facebook.com/brasserieroylagacilly/
Brasserie de Cornouaille / Storlok https://www.facebook.com/STORLOKBEERS/
Brasserie Skumenn https://www.skumenn.com/
Bonus :